À leur arrivée à Dubaï, Jad et Nour prirent la direction du Grand Hill, un restaurant de renom parmi les plus luxueux de la ville, choisi par le client pour leur rencontre. L’endroit brillait de raffinement, avec de grandes baies vitrées donnant sur la skyline de Dubaï, des lustres étincelants, et une ambiance feutrée qui évoquait tout le prestige de cette rencontre d’affaires.
En entrant dans le restaurant, ils furent accueillis par un hôte qui les guida vers une table un peu à l’écart, réservée spécialement pour l’occasion. Là, le PDG d’Atlas, M. Alberto, les attendait déjà. Un homme à la carrure imposante, au regard vif, qui se leva pour les accueillir avec un sourire chaleureux.
— « Monsieur Khoury, Mademoiselle Nour, enchanté de vous rencontrer en personne, » dit-il en les saluant fermement.
Les présentations faites, ils prirent place à la table. Jad et Nour échangèrent un regard complice, reprenant rapidement leur calme face à ce client de grande envergure. Le déjeuner s’annonçait comme une belle opportunité de discuter des ambitions du projet de remplacement du système d'information, une tâche d'envergure, étant donné la taille d'Atlas et ses 55 000 collaborateurs dispersés à travers le monde arabe.
La discussion commença sur des bases solides, nourrie par des échanges d’idées sur les défis et les solutions à envisager. Nour, avec sa clarté d'esprit et son expertise, se montrait à la hauteur des attentes, tandis que Jad complétait ses propos avec enthousiasme.
Mais alors que le repas battait son plein, un homme entra dans le restaurant, attirant l’attention de tous. Il portait un costume impeccable et dégageait une assurance naturelle. Nour se tourna lentement et son cœur se figea.
Un frisson la parcourut tandis que l’homme approchait de la table, tout sourire. Elle chercha le regard de Jad, incertaine, tandis que celui-ci observait la scène, perplexe mais attentif à la réaction de Nour.
Le PDG se leva pour accueillir le nouvel arrivant.
— « Ah, Firas ! Je te présente nos invités : Monsieur Khoury et Mademoiselle… »
Firas, en voyant Nour, resta un instant interdit. Ses yeux trahirent une lueur de surprise, mais il retrouva rapidement son sourire, bien que légèrement tendu.
— « Nour… » murmura-t-il, essayant de dissimuler son trouble.
Nour prit une grande inspiration, forçant un sourire professionnel.
— « Salut, Firas. »
Jad observait cette scène silencieuse, chaque détail ne lui échappant pas. Les regards échangés entre Nour et cet homme lui donnaient une idée de leur passé commun, mais il restait impassible, cherchant à comprendre la situation sans se laisser déstabiliser.
Le PDG, ignorant la tension palpable, ajouta avec un sourire :
— « Je vois que vous vous connaissez déjà. »
Nour hocha la tête, son regard rivé sur la table pour éviter celui de Firas.
— « Oui… on a partagé quelques années ensemble. »
Firas prit place en face de Nour, jetant un regard en biais à Jad.
— « Monsieur Khoury, j’espère que notre collaboration pourra se dérouler dans les meilleures conditions. »
— « Je n’en doute pas, » répondit calmement Jad, un sourire poli aux lèvres, tout en ressentant une pointe de malaise face à cet homme qui semblait susciter tant d’émotions chez Nour.
Le déjeuner se poursuivit, chargé d’une atmosphère tendue, où Nour s’efforçait de garder son professionnalisme. Ses mains tremblaient légèrement sous la table, mais Jad, le remarquant, sentit son instinct protecteur s’éveiller. Il posa discrètement sa main sur celle de Nour, lui offrant un bref regard rassurant. Nour esquissa un léger sourire de reconnaissance, puis prit une grande inspiration pour se recentrer.
Monsieur Alberto, le PDG d’Atlas, semblait impressionné par l’expertise et le sérieux de Nour et de Jad. À un moment, il posa sa serviette et leur sourit chaleureusement.
— « J'apprécie vraiment votre approche. Ce projet est d'une importance capitale pour Atlas, et je suis confiant en voyant votre engagement. Pour aller plus loin, j’aimerais que vous veniez demain matin à nos bureaux. Vous pourrez rencontrer l’équipe en charge et discuter directement avec les membres clés du projet. »
Jad hocha la tête avec enthousiasme, ravi de cette opportunité de renforcer leur collaboration.
— « Ce serait un honneur pour nous, Monsieur Alberto. Nous serons là. »
Nour, quant à elle, sourit poliment et acquiesça.
— « Merci pour l'invitation, nous serons ravis de faire la connaissance de votre équipe. »
— « Excellent ! » répondit le PDG avec un sourire satisfait. Puis, jetant un regard vers Firas, il ajouta :
— « Firas, tu ne pourras pas te joindre à nous ? »
Firas secoua légèrement la tête.
— « Malheureusement, non. J’ai d’autres réunions prévues. » Son ton était poli, mais ses yeux revenaient sans cesse vers Nour, cherchant un moment de complicité ou de souvenirs partagés.
Le déjeuner touchait à sa fin, et après des échanges professionnels enrichissants, Alberto se leva pour serrer la main de Jad et de Nour, exprimant une fois de plus sa satisfaction.
— « À demain alors, et encore merci pour cette première rencontre très prometteuse. »
Alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie, Firas s’avança discrètement vers Nour.
— « Nour, ça te dirait qu’on se voie plus tard, pour parler un peu… rattraper le temps perdu ? » demanda-t-il, un sourire hésitant aux lèvres.
Nour se raidit légèrement, son regard évitant celui de Firas.
— « Désolée, Firas. J’ai un autre meeting avec Monsieur Khoury cet après-midi, » répondit-elle calmement, se tournant vers Jad pour appuyer ses propos.
Jad comprit aussitôt la situation et, sans hésitation, entra dans son jeu.
— « Oui, effectivement, nous avons pas mal de points à revoir avant la visite de demain, » ajouta-t-il avec un air parfaitement sérieux, jouant le rôle du collègue exigeant.
Firas regarda Nour avec un soupçon de déception, mais il hocha la tête, feignant l’indifférence.
— « Très bien, un autre jour alors. »
Nour lui sourit poliment, mettant un terme définitif à leur conversation, puis elle se tourna vers Jad, visiblement soulagée. Ils quittèrent le restaurant ensemble, la satisfaction d’un déjeuner bien mené et la complicité de ce moment de soutien silencieux renforçant leur lien.
Mais alors qu’ils prenaient un moment pour respirer à l'extérieur, Firas fit un pas vers Nour, insistant une fois de plus.
— « Nour, je voudrais vraiment qu’on se voie ce soir. On pourrait au moins discuter un peu. » Sa voix trahissait une persistance presque désespérée.
Nour hésita, mais avant qu’elle ne puisse répondre, Jad intervint, prenant son rôle de « patron » avec une froideur calculée.
— « Excusez-moi, Firas, mais nous devons préparer notre départ pour Beyrouth demain matin. Nous ne serons pas disponibles ce soir. »
Firas jeta un regard à Jad, visiblement contrarié, mais il ne se laissa pas décourager.
— « Très bien, alors peut-être un autre jour. »
Jad, exaspéré par l’insistance de Firas, se tourna vers Nour avec une expression dure.
— « Nour, je pense qu’on a bien assez de travail comme ça pour devoir prévoir encore autre chose. »
Firas, sentant l’agacement de Jad mais refusant de se laisser intimider, adressa un dernier regard à Nour.
— « Je t’appellerai ce soir, dans ce cas. On peut au moins en parler. »
Nour, un peu déstabilisée, garda son sourire professionnel.
— « Firas, je te l’ai dit, je suis vraiment prise. On se verra peut-être un autre jour. »
Voyant que Nour maintenait ses limites, Firas se résigna enfin, même si un air de mécontentement flottait dans ses yeux.
Une fois dehors, Jad ne put retenir un soupir exaspéré.
— « Il est vraiment… tenace, disons. »
Nour rit légèrement, reconnaissante du soutien de Jad.
— « Merci d’avoir joué le rôle du boss strict. Ça m’a bien aidée, j’avoue. »
Ils échangèrent un sourire complice, puis, après un silence, Jad tourna enfin la tête vers elle et demanda :
— « C'est lui ton ex ? »
Nour le regarda longuement avant de répondre, son ton soudainement plus froid.
— « Oui. »
Bien joué Jad !