Les fêtes de fin d’année approchaient, et Beyrouth scintillait sous les décorations de Noël et du Nouvel An. Dans chaque rue, des guirlandes lumineuses étaient suspendues aux lampadaires, illuminant les boulevards d'une douce lumière dorée. Les vitrines des magasins arboraient des sapins artificiels enneigés, des pères Noël souriants, et des boules rouges et dorées qui clignotaient au rythme de musiques festives.
Chez Khoury Consulting, l'ambiance de fête s’installait aussi. Un grand sapin, magnifiquement décoré de guirlandes et de boules colorées, avait été placé dans le hall d’entrée. Quelques guirlandes et étoiles argentées ornaient également les bureaux, apportant une touche festive et chaleureuse à l'espace de travail. Les expatriés revenaient au Liban pour célébrer les fêtes en famille, et parmi eux, la sœur aînée de Jad, Sophie, accompagnée de son mari et de leurs deux enfants. Sophie n’avait rien dit à Jad de son arrivée ; elle voulait le surprendre, lui qui lui avait tant manqué. Depuis le décès de leurs parents, Jad et Sophie entretenaient une relation fusionnelle, se soutenant mutuellement malgré la distance.
Ce jour-là, une réunion importante avait lieu chez Khoury Consulting. Dans la salle de réunion, Jad, Nour et le reste de l’équipe discutaient des projets en cours. Alors qu’ils échangeaient autour de la table, une discrète toquade à la porte interrompit la conversation. Carla, la cousine de Jad, entra avec un sourire énigmatique.
— « Jado, j’ai une surprise pour toi, » lança-t-elle d’un ton malicieux.
Le regard de Jad se tourna immédiatement vers Nour, une lueur de surprise dans les yeux, comme pour vérifier si elle était au courant de quelque chose.
Nour, étonnée, secoua la tête en haussant les sourcils.
— « Je ne sais pas de quoi il s’agit, » dit-elle en souriant.
À cet instant, la porte s’ouvrit davantage et Sophie entra dans la pièce. Un silence se fit, suivi par l’exclamation de Jad.
— « Non, je ne crois pas mes yeux ! » s’exclama-t-il en se levant brusquement de sa chaise. « Mais qu’est-ce que tu fais là ! »
Sans attendre, il courut vers elle, la prenant dans ses bras avec une joie immense. Il l’embrassa sur la joue, la serrant contre lui, heureux de cette surprise inespérée.
Nour observait la scène, figée, essayant de comprendre la situation. Tout ce qu’elle voyait, c’était Jad en train de tenir tendrement cette femme, de l’embrasser avec affection, et cela éveilla en elle une pointe de jalousie et d’inconfort. Elle ressentit un pincement, un sentiment désagréable qui s’empara d’elle sans prévenir. Elle détourna légèrement le regard, troublée.
Cependant, ce malaise disparut instantanément lorsque Jad, un grand sourire aux lèvres, présenta Sophie à l’équipe.
— « Je vous présente ma sœur, Sophie ! » dit-il fièrement, en la tenant par l'épaule. « Pour ceux qui ne la connaissent pas encore. »
Les collègues les plus anciens, qui connaissaient déjà Sophie, lui adressèrent des salutations chaleureuses. Quant à Nour, elle se sentit à la fois soulagée et un peu embarrassée d’avoir ressenti cette jalousie.
Sophie laissa son regard parcourir la salle, jusqu’à s’arrêter sur Nour avec un sourire plein de curiosité.
— « Ah ! Voilà donc la fameuse Nour ! » lança Sophie d’un ton espiègle.
Le visage de Jad se teinta de surprise et de gêne ; il ne savait plus où se mettre. Essayant de dissimuler son embarras, il donna un léger coup de coude à sa sœur, lui murmurant de se calmer.
— « Mais je n’ai rien dit ! » protesta Sophie en riant. « C’est Carla et Georges qui n’arrêtent pas de parler de Nour ! J’étais juste curieuse, c’est tout. »
Un léger éclat de rire parcourut la salle, détendant l’atmosphère. Nour, amusée par l’échange, sentit ses joues s’empourprer légèrement. Elle échappa un sourire timide en regardant Jad, touchée par cette petite complicité entre frère et sœur.
Jad demanda à Nour de mener la réunion à sa place, afin qu'il puisse profiter d’un moment avec sa sœur. Comprenant bien la situation, Nour accepta avec un sourire complice. Tandis qu’elle prenait la tête de la discussion avec assurance, Jad, Carla et Sophie sortirent discrètement de la salle de réunion.
Dans le couloir, Jad se tourna vers Sophie, un mélange d’émerveillement et de surprise dans le regard.
— « Mais Sophie, comment as-tu réussi à cacher ton voyage ? »
Sophie éclata de rire, hochant la tête comme si elle se rappelait d’un secret bien gardé.
— « J’avoue que c’était vraiment difficile pour moi, » répondit-elle en haussant les sourcils d’un air faussement sévère. « On n’a rien dit aux enfants, pour éviter qu’ils ne trahissent la surprise. »
— « Oh, mais tu es vraiment cruelle ! » plaisanta Jad en riant. « Mais tu as bien fait ! »
Ils échangèrent un regard complice, et Jad, sincèrement heureux de voir sa sœur, ressentait une bouffée de chaleur et de bonheur intense.
— « Allez, on rentre. Je veux profiter de toi et de ta petite famille pendant que vous êtes là, » ajouta-t-il avec enthousiasme.
Avant de partir, il se tourna vers Carla et lui demanda :
— « Carla, tu pourrais prévenir Nour que je rentre plus tôt pour passer du temps avec Sophie ? Et dis-lui que si elle a besoin de quoi que ce soit, elle peut m’appeler. »
Un sourire espiègle se dessina sur le visage de Carla. Elle croisa les bras en l'observant, clairement amusée.
— « Oh, je vois… Tu veux que moi je passe le message à Nour, c'est ça ? » dit-elle en exagérant son ton, les sourcils levés.
Jad roula des yeux, anticipant déjà les taquineries de sa cousine.
— « Carla, sois gentille, juste une fois… » répondit-il avec une pointe de supplication.
— « Gentille ? Mais pourquoi tu ne lui dis pas toi-même ? Elle est juste là, dans la salle de réunion ! » répliqua Carla en retenant un rire. « Tu n’aurais pas quelque chose d'autre à lui dire, aussi ? »
Sophie éclata de rire en voyant la gêne de son frère.
— « Bon, allez, Carla, » répondit Jad, soupirant avec un sourire. « Tu peux lui dire ou pas ? »
Carla fit mine de réfléchir, puis hocha la tête avec un sourire satisfait.
— « Oui, oui, d’accord, je vais le faire. Mais tu me dois une boîte de petits fours au chocolat de chez La fourmi, cousin. »
— « T’es impossible, » répondit Jad, riant malgré lui.
Carla s’éloigna d’eux en se dirigeant vers la salle de réunion, lançant un clin d'œil à Sophie en passant.
Dans la voiture, Sophie s'installa à côté de Jad, un sourire malicieux sur le visage. Elle ne perdait pas de temps et commença à le questionner sans détour.
— « Alors, raconte-moi tout, » lança-t-elle, le regard pétillant d’excitation.
Jad, feignant l'ignorance, tourna la tête vers elle avec un air innocent.
— « De quoi parles-tu ? » demanda-t-il, essayant de garder son sérieux.
Sophie plissa les yeux, croisant les bras avec un air amusé.
— « Oh, je sais que tu m'as compris, » insista-t-elle, un sourire taquin sur les lèvres.
Il se mit à sourire, sachant pertinemment où elle voulait en venir.
— « Tu veux savoir quoi, exactement ? » demanda-t-il, jouant la carte de l’indifférence.
— « Bah tout ! » s'exclama-t-elle, enthousiaste. « Votre rencontre, le fait que vous travaillez ensemble, tout, tout ! »
Jad secoua la tête en riant légèrement, conscient que sa sœur ne lui laisserait pas le choix.
— « D'accord, d'accord, » admit-il finalement. « Je vais tout te dire. Mais ne t'attends pas à un grand récit. »
Sophie se mit à rire, impatiente.
— « Oh, je ne m'attends qu'à ça ! Allez, je t’écoute. »
Il prit une profonde inspiration, son regard se perdant un instant dans ses souvenirs.
— « En fait… on s’est rencontrés par hasard, au Biryt, » commença-t-il avec un sourire nostalgique. « Je ne savais même pas qu’elle travaillait dans le même secteur. Ce soir-là, on a discuté, bu quelques verres... et puis voilà. »
Sa sœur haussa un sourcil, peu convaincue.
— « Voilà ? C'est tout ? »
Jad esquissa un sourire, évitant soigneusement son regard.
— « Oui, voilà. On est rentrés ensemble chez moi, c’est tout. Pas la peine de t’imaginer autre chose. »
Elle le scruta, cherchant à lire entre les lignes, mais il resta impassible.
— « Tu es tellement vague, c’en est frustrant. Mais bon, j’imagine que je dois m’en contenter. »
Jad rit doucement, satisfait d’avoir esquivé les détails.
— « Disons juste qu’elle est spéciale. »
Sophie rit, intéressée.
— « Oh, ça devient intéressant. Alors, vous aviez déjà ressenti une sorte d’alchimie avant de vous retrouver dans le même bureau ? »
Jad ouvrit la bouche pour répondre, puis hésita, cherchant ses mots.
— « Euh… oui… enfin non… enfin je pense. » Il se frotta l’arrière de la tête, visiblement mal à l’aise. « En tout cas, j’étais vraiment surpris quand je l'ai vue au bureau, c'est sûr. Mais après… on s’est rapprochés au fil des projets. Elle a ce truc, tu vois ? Elle sait rester elle-même, même dans le boulot. C'est rare. »
Sa sœur plissa les yeux, amusée par son désarroi.
— « Hmmm, quelqu’un est bien troublé. »
— « Arrête, je suis sérieux, » grommela-t-il, détournant le regard, une légère rougeur montant à ses joues.
Sophie hocha la tête, comprenant mieux la profondeur de la connexion qui s'était établie entre eux au-delà de la simple relation professionnelle.
— « Et donc… c'est juste resté au stade professionnel, malgré cette rencontre au Biryt ? Tu n'as jamais essayé de creuser un peu plus ? »
Jad esquissa un sourire en coin, l'air pensif.
— « On a partagé quelques moments en dehors du bureau, mais elle veut garder les choses professionnelles. Je sens qu’elle a ses raisons. Je lui ai promis que je respecterais cette distance, même si, pour être honnête, c'est difficile. »
Sophie, toujours curieuse, le regarda avec une petite étincelle de provocation dans les yeux.
— « Difficile ? Alors ça veut dire qu’elle te plaît vraiment, hein ? »
Jad se mit à rire, sans pour autant nier. La vérité était là, mais il savait que Nour avait besoin de temps, de confiance.
— « Oui, elle me plaît vraiment, » avoua-t-il enfin. « Mais je préfère attendre. Je pense qu’elle finira par comprendre ce qu’elle veut. »
Sophie lui serra la main un instant, un sourire sincère sur le visage.
— « Alors, sois patient. Laisse les choses suivre leur cours, et qui sait ? Peut-être que ce hasard au Biryt n'était pas si anodin. »
Ils échangèrent un sourire complice avant que Jad démarre le moteur, le cœur un peu plus léger mais toujours rempli d’espoir pour l’avenir.
Et un chapitre de fini ! Yalla, je vais attaquer la suite :)