Le mois de Marie au Liban : un chemin de lumière
Un mois sacré, des chemins de foi : entre souvenirs personnels et traditions collectives autour de Marie, mère universelle du Liban
Le mois de mai, au Liban, n’est pas un mois comme les autres. Il est celui de Marie, la Vierge que tout un peuple honore, chrétiens et musulmans confondus. C’est un mois d’attente, de prières murmurées, d’encens qui monte vers le ciel.
Je me rappelle encore, enfant, de ces virées vers Ghosta pour rendre visite à ma tante. Sur la route qui mène à Harissa, les kiosques se dressaient, débordants de douceurs libanaises : mchabbak dorés, 3ouwaymet légers comme des nuages, ma3kroun croustillants… Une fête des sens avant même d’arriver.
Et puis, il y avait la foule. Cette foule immense qui montait à pied vers Harissa, en silence ou en chantant des cantiques. Je revois ce pèlerinage que j’ai moi-même vécu : partir à pied depuis Jounieh, sentir chaque pas qui nous rapprochait du sanctuaire. Fatigués, trempés de sueur, mais portés par une ferveur plus forte que tout. Cette nuit-là, nous avons dormi dehors, roulés dans des sacs de couchage sous les étoiles, devant la basilique. Et à l’aube, le soleil s’est levé, timidement, à 4h50, illuminant la statue de Marie d’une lumière douce et irréelle. Un moment suspendu, gravé à jamais.
Je pense aussi aux cérémonies du mois de mai, dans les villages. Chaque soir, une maison différente accueille la prière : la statue de Marie est ornée de fleurs fraîches, l’encens embaume l’air, et les voix s’élèvent, pleines d’espoir et d’amour. Cette simplicité, cette chaleur humaine, restent ancrées en moi.
Marie, au Liban, rassemble. À Harissa, on croise des croyants de toutes confessions, venus prier la Vierge, lui confier leurs peines, leurs espoirs. Elle est cette mère universelle, celle qui écoute, qui console.
Ce mois de Marie, c’est un voyage du cœur. Un chemin de lumière où la foi se mêle aux souvenirs, aux traditions, à cette terre libanaise qui, malgré tout, continue de croire en des lendemains meilleurs.