Il y a des voix qui marquent une enfance, des mélodies qui s’accrochent à l’âme comme des souvenirs indélébiles. Pour moi, Ronza en fait partie. Je me souviens encore du soir où mon père nous a emmenés au Casino du Liban pour voir la comédie musicale “Al én2ilééb” (Coup d’état). Sur scène, elle était éblouissante, sa voix résonnait avec une grâce infinie, et sans que je m’en rende compte, je venais de découvrir une artiste qui m’accompagnerait toute ma vie.
Ronza, de son vrai nom Aïda Tomb, est la fille du célèbre artiste libanais Maroun Tomb. C’est le grand poète Saïd Akl qui lui a donné ce nom de scène, comme un sceau de noblesse destiné à une voix hors du temps. Très tôt, elle se forme au chant et à la musique : après un diplôme en psychologie, elle se spécialise en chant classique et en opéra au Conservatoire National Libanais, où elle étudie avec des maîtres renommés comme Badiaa Haddad et Yolla Nassif. Sa rigueur musicale et sa voix exceptionnelle attirent rapidement l’attention des plus grands noms de la scène libanaise.
C’est ainsi que les frères Rahbani la repèrent et la prennent sous leur aile. Grâce à eux, elle devient l’une des grandes interprètes du théâtre musical libanais. Elle brille dans plusieurs comédies musicales.
Sa voix traverse les décennies, entre théâtre, télévision et concerts à travers le monde.
Deux mélodies ne me quittent jamais : “Jayi Jayi”, ce duo envoûtant avec Raja Bader, dont les paroles semblent flotter dans mon esprit comme un refrain du passé :
et “Mechwar Ray7in Mechwar”, cette chanson que l’on fredonne à chaque sortie, comme une promesse de légèreté et d’évasion :
Ces airs font partie de mon quotidien, témoins d’instants simples et précieux.
Au-delà du Liban, Ronza a aussi porté sa voix sur les plus grandes scènes internationales. Elle a chanté lors de concerts religieux et folkloriques en Italie, notamment au Vatican en présence du pape Jean-Paul II, ainsi qu’aux États-Unis et au Canada.
Écrire sur Ronza, c’est raviver des souvenirs, c’est replonger dans un temps où la musique libanaise portait encore l’éclat des poètes et la sincérité des voix sans artifices. Elle n’est pas qu’une chanteuse ; elle est une empreinte dans l’âme de ceux qui ont eu la chance de l’écouter et de l’aimer.